La terre battue.
Tous les aficionados de cette terre qu'on dit battue l'affirment haut et fort dans des allégations péremptoires que je réfute de tout mon poids (62 Kg en incluant la tenue de tennis plus les accessoires: Ceinture de flanelle, cuissards, coudière, et autres pansements) :
-"Sur la terre battue t'as jamais mal aux articulations ni aux muscles, même si tu fais partie des vieux qu'ont de l'âge!
Je le confesse, moi pauvre type qu'on commence à appeler "Henri Lacontre" à Morlaix, au TCB et à Pont l'Abbé, je ne me casse que sur ces rouges et poussiéreux résidus de con-cassage... Qui, quand ils ne sont pas poussiéreux, sont boueux.
Si tes muscles sont habitués à fouler le green, le quick ou le béton peint, ils sont bien évidemment surpris quand tu les amènes à batifoler sur cette surface glissante et patinante (mais presque).
Tiens, l'autre jour encore, convoqué au TCPA, tu crois que mon bigouden d'adversaire m'aurait fait jouer sur dur? Ben non! Et en plus pour favoriser son amortie qui est d'ailleurs remarquable, il s'était levé très tôt pour arroser son court de sorte que sa "boue battue" était aussi imbibée qu'un alcoolo à trois grammes un soir de fête!
Et je n'ai pas l'excuse d'avoir été pris à froid, car depuis huit heures du matin, Mahomet, qui lui aussi s'était levé très tôt, surchauffait déjà le hangar illuminé de soleil qui contient les courts en terre battue du TCPA.
Petit à petit l'effet de serre s'était produit dans ces enceintes fermées, presque aussi closes que des maisons (closes), qu'aucun souffle de vent ne venait rafraîchir.
Il me revenait à l'esprit une rumeur répandue, mais fausse, qui fait de la Bretagne une contrée nordique battue par les rafales, les déferlantes et la froidure... Et pourtant ce jour là les thermomètres eussent laissé éclater leur capillaires d'alcool coloré. Car en Bretagne, Môssieur, on ne met pas de mercure dans les capillaires, on n'a pas peur de dépenser de l'alcool à cet usage!
Cette charmante bourgade qui héberge le Pont et l'Abbé s'enorgueillit d'un ensoleillement parmi les plus prolifiques de l'hexagone, grâce à son microclimat dû à l'influence de la pointe du Raz qui coupe, pourfend et écarte les dépressions venant percuter la pointe de Bretagne. (comme l'étrave du navire fend et écarte la houle qui lui fait face).
Voilà les conditions dans lesquelles il m'a fallu batailler au point qu'après deux heures de jeu, au moment où je commençais à m'habituer à la spécificité de cette surface que j'exècre, j'ai ressenti, sur un démarrage à l'arrachée, un coup de poignard à l'arrière de la cuisse qui a stoppé net mon élan enthousiaste.
C'était fini... J'ai continué, claudiquant et souffretant, le moral dans les chaussettes, puis je suis descendu aux enfers, achevé par un tie breaker du troisième set qui, comme son nom l'indique, m'a brisé, et convaincu: Je ne veux plus de cette surface cassante en résidu de con-cassé...